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Infos techniques Knock at the Cabin

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! Attention, cet article dévoile des éléments de l’intrigue !

     Deux ans après un Old qui a divisé la critique et le public, M. Night Shyamalan revient en ce début d’année pour nous présenter Knock at the Cabin, un film au concept taillé sur mesure pour ses qualités de mise en scène. Un huis-clos sous forme de home invasion qui n’est pas sans rappeler Signes (2002), où les extraterrestres sont ici remplacés par quatre individus pas si malveillants qu’ils ne le laissent paraître.

Knock At The Cabin

     Andrew et Eric sont en vacances avec Wen, leur fille adoptive, dans un chalet au cœur d’une forêt. Un jour, la famille reçoit la visite de quatre individus insistants, qui les obligeront à faire un choix cornélien afin d’éviter l’apocalypse. 

UN DÉBUT TRÈS PROMETTEUR

     Un point de départ simple et mystérieux, un seul et unique lieu, et des personnages confrontés à plus grand qu’eux. Tout, dans le résumé de ce long-métrage, est optimisé pour favoriser une montée en tension progressive et une ambiance angoissante.

     Ambiance très prometteuse et intrigante dans la séquence liminaire, où la jeune Wen (Kristen Cui) fait la rencontre du massif mais néanmoins amical Leonard (Dave Bautista). La mise en scène de cette introduction est brillante, faisant naître en nous une réelle inquiétude quant à cet imposant inconnu qui aborde une petite fille au milieu des bois, et ce malgré son extrême gentillesse.
     
Ce passage se révèle totalement dissonant, les paroles bienveillantes et les gestes délicats de Dave Bautista tranchants complètement avec la manière dont ce dernier est filmé. Dans de très gros plans légèrement décadrés que nos habitudes de spectateur associent à ceux d’un tueur en série ou d’un monstre, on voit un homme profondément sympathique tentant de rassurer une enfant sur ses intentions. Dès lors, Shyamalan nous avertit qu’il faudra se méfier des apparences et qu’il faudra regarder derrière celles-ci. 

Knock At The Cabin

DES IDÉES DE MISE EN SCÈNE DISSONANTES

     Sans jamais atteindre l’épure et la maîtrise de ces quelques minutes, il étendra ce type de procédés durant tout le développement de son histoire, l’absence de danger immédiat dénotant avec l’utilisation des codes du home invasion. Les intrus ne sont pas, pour ainsi dire, malveillants, même si leurs intentions sont mises en doute pendant longtemps. En effet, en s’emparant d’un sujet religieux incarnés par ces cavaliers de l’apocalypse et en le confrontant à un couple homosexuel ayant adopté une jeune fille, on est en droit de se questionner sur le véritable plan du quatuor.
     Shyamalan nous ayant habitués, par le passé, aux retournements de situations ou twists, on passe une bonne partie du film à soupçonner d’autres raisons à cette séquestration cordiale. Par les effets dont il use, on s’imaginerait presque une conclusion nihiliste alors que, vous l’avez compris, il n’en est rien. 
     Résultat : les quatre individus étaient de bonne foi et le sacrifice d’un des deux hommes du couple sauvera le reste de l’humanité. Il n’y a même pas le moindre doute, tout est avéré, expliqué voire détaillé. Trop même, ce qui change radicalement l’analyse que je fais du film.

Knock At The Cabin

MAIS PAS POUR LE BON FILM

     Le film nous rappelant sans cesse l’homosexualité de ses protagonistes, on se demande légitimement si celle-ci n’est pas au cœur du propos. La fin va dans ce sens puisqu’elle brise un couple gay pour sauver le monde, et semble décréter que l’homosexualité est tolérée à condition qu’elle soit accompagnée d’une foi inébranlable en Dieu et ses émissaires. 

     Shyamalan pense livrer un grand message symbolique sur le bien, le mal et la foi en ce qui nous dépasse, mais il finit simplement par placer la croyance inconditionnelle comme seul moyen d’être sauvé, ce qui réduit son sujet à une simple question : « J’y crois ou j’y crois pas ? »
     Alors que l’on peut facilement lier les catastrophes visibles dans le métrage aux dérèglements du monde que l’on connaît, il choisit de leur donner une explication divine et une résolution aussi simple et efficace que cruelle. Il suffit de croire et d’obéir. 
     À l’heure où une partie de la population est défiante vis-à-vis de la science, où certains font passer le réchauffement climatique pour un complot, où la mondialisation et l’inégalité de répartition des richesses sont des facteurs aggravants de l’apparition d’épidémies et de guerres, conter une histoire plaçant Dieu comme cause et solution de tous ces problèmes paraît rétrograde, voire dangereux. 

Knock At The Cabin

     En toute franchise, je ne pense pas que Shyamalan soit bien conscient des tendances réactionnaires de son propos, je crois qu’il a simplement voulu faire un petit film angoissant sans grandes prétentions, avec en arrière-plan les sujets qu’il traite depuis ses débuts au cinéma. Seulement en parlant de certains sujets comme l’homosexualité, la religion ou les catastrophes naturelles, il se devait peut-être de faire un peu plus attention à sa manière de les traiter. 
     Knock at the Cabin est une œuvre plutôt bien écrite, aux quelques fulgurances de mise en scène, mais qui finit par être aussi bête et littérale que son titre le laissait deviner…

EN BREF

Après quelques minutes introductives brillantes, Knock at the Cabin s’essouffle rapidement pour finalement livrer un propos naïf qui dénote totalement avec ses intentions visuelles, pourtant intéressantes et belles. Il donne l’impression que Shyamalan s’est trompé de mise en scène, ou de sujet. Il nous laisse même sur une fin ambigüe, au mieux bête, au pire idéologiquement problématique. 

2/5

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