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Les Rascals

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LES RASCALS

Titre original : Les Rascals
Nationalité :
France
Date de sortie : 11 janvier 2023
Réalisation : Jimmy Laporal-Tresor
Photo : Romain Carcanade
Musique : Delgres
Casting : Jonathan Feltre, Angelina Woreth, Missoum Slimani, Victor Meutelet, Marvin Dubart, Taddeo Kufus, Jonathan Eap, Émerick Mamilonne

     Affrontements entre les futurs Black Dragons et le courant Skinhead néo-nazi mêlant un punk rock émergeant à l’apparition du hip-hop dans les années 80 à Paris. Voilà ce qui vous attend entre autres dans Les Rascals, le premier long-métrage de Jimmy Laporal-Tresor. Historiquement documenté, le film nous plonge dans une période trouble où la montée de l’extrême-droite se répercute avec violence sur des minorités ethniques qui cherchent leur place au sein de la société.

Les Rascals
L'éclectique bande des Rascals

     Dans les années 80 en banlieue parisienne, Rudy et sa bande, les Rascals, tombent un jour sur un skinhead qui les avait agressés et décident de se faire justice. La sœur de ce dernier, témoin de la scène, s’allie à un étudiant extrémiste qui lui promet une vengeance radicale. Pris dans un étau, le groupe d’amis ne pourra échapper à une confrontation violente face au mouvement skinhead néo-nazi émergeant dans la capitale.

     Ce premier film de Jimmy Laporal-Tresor commence de manière hésitante, à l’image de ses personnages paumés, trainant dans le bistrot du coin et les salles de concert passant du hip-hop. Entre bières, parties de flipper, flirts et bagarres, les jeunes Rascals vivent une vie somme toute tranquille. Jusqu’au jour où ils retrouvent par hasard le skin qui les avait agressés quelques années auparavant. En le rouant de coup et en l’envoyant à l’hôpital, ils déclenchent sans le savoir une guerre de clans ainsi que la partie la plus intéressante du film. 
     Car le métrage démarre effectivement de façon plutôt classique, nous présentant le sempiternel malaise de jeunes en perdition au sein d’un pays qui ne les accepte pas. Mais contrairement au chemin récurrent de ce genre d’histoire, c’est bien politiquement que ce groupe va s’affirmer en tant qu’adulte.

Les Rascals
La radicalisation progressive incarnée par la talentueuse Angelina Woreth

     En installant son récit lors d’une période charnière, d’où surgissent de nouveaux mouvements musicaux, de nouveaux codes vestimentaires témoins de l’appartenance à un clan et des tendances politiques plus radicales, le cinéaste pose la question de la construction identitaire à l’aune de problématiques dépassant les simples préoccupations qui habitent normalement les adolescents de cet âge.
     Les choix de ses études, de son avenir professionnel et amoureux importent peu face au choix plus capital du silence ou de l’action face au retour d’un extrême régressif.

     Le protagoniste que l’on suit, Rudy, est caractérisé par sa volonté d’échapper à l’affrontement, par respect pour sa mère et pour Mitch, destiné à un avenir scolaire brillant. Or il est à chaque fois rattrapé par ses actions et celles de sa bande, et tombe progressivement dans une colère menant à une escalade de la violence, que le film ne montrera pas en s’arrêtant avant l’étape de la chasse aux skins nazis du milieu des années 80.
     Car c’est bien cette trajectoire intérieure qui intéresse Jimmy Laporal-Tresor. Celle d’un garçon qui, sans être irréprochable, souhaite rester sur un chemin vertueux tel qu’il est dicté par le cercle familial et sociétal, mais que les événements poussent peu à peu à se rebeller contre l’injustice et la barbarie. Jonathan Feltre incarne parfaitement cette prise de conscience qu’il n’a finalement pas le droit au moindre choix. L’Univers entier semble le déterminer à lutter. 

Les Rascals
La violence est contagieuse

     Cette œuvre se terminera donc avant son passage à l’acte, le chemin parcouru ayant déjà atteint son apogée. Pour voir la suite, Laporal-Tresor a réalisé en parallèle des Rascals le court-métrage Soldat Noir, nommé au prix du meilleur court-métrage aux Césars 2022.
     Vous pourrez y découvrir le parcours de Hughes, toujours interprété par Jonathan Feltre, jeune antillais révulsé par le racisme ambiant, qui rejoint un groupe violent destiné à chasser les skins néo-nazis qui sévissent dans la capitale. À découvrir sur MyCanal. 

EN BREF

Pour son premier long-métrage, Jimmy Laporal-Tresor s’affirme avec force en mettant en scène des personnages parfaitement incarnés, prisonniers d’un cycle de violence.
Malgré leur distance vis-à-vis des groupes politisés de l’époque, Les Rascals seront forcés de se battre contre la montée de courants néo-fascistes. Un démarrage en douceur pour un final où la violence contamine absolument tout et fait le lien avec notre époque.

3.6/5

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